Réduite à 10 et largement dominée par une équipe Malienne longtemps conquérante, la Côte d’Ivoire a confirmé qu’elle pouvait croire en son destin, en renversant un quart de finale bien mal embarqué en prolongations (2-1). Le pays hôte est en demi-finales et la frénésie ne fait que commencer.
Ambiance de folie au Stade de la paix de Bouaké, où L’Abidjanaise résonne de 40 000 voix, à l’unisson derrière les Eléphants. Un brin trop peut-être, pour un collectif qui semble encore traumatisé par son début de CAN. En effet, cinq jours après avoir donné un sens nouveau à son tournoi, en éliminant le Sénégal, la Côte d’Ivoire a longtemps semblé écrasée par la pression de l’enjeu d’un quart de finale. Tout le contraire de Maliens en confiance et globalement dominateurs. Mais cette équipe a une bonne étoile, et a réussi, in extremis une nouvelle fois, à se faufiler dans un trou de souris pour arracher sa qualification au bout de 120 minutes d’histoire (1-2). Le rêve continu pour la Côte d’Ivoire, avec une première demi-finale depuis 2015, année du dernier titre, où elle avait déjà affronté la RD Congo. Le natif d’Abidjan, Eric Chelle, et son staff pourront nourrir de nombreux regrets, tant leurs joueurs ont dominé cette rencontre pendant 90 minutes, et devront attendre encore quelque temps, avant de retrouver un stade de la compétition qu’ils n’ont plus connu depuis 2013.
Le jardin de Sinayoko, l’enfer de Kossounou
Plébiscité jusqu’ici pour intégrer le onze de départ ivoirien, le jeune défenseur du Bayer Leverkusen, Odilon Kossounou, vit 43 minutes catastrophiques sur la pelouse. En souffrance, il est de tous les mauvais coups. D’abord fautif de la main dans sa surface (8e), il est sauvé par une interminable révision de la VAR, qui décèle un hors-jeu au préalable, avant d’être bel et bien sanctionné d’un pénalty, pour une faute sur Lassine Sinayoko. L’attaquant d’Auxerre, n’a de cesse de créer le chaos dans l’arrière-garde ivoirienne, puisqu’il provoque aussi le carton jaune de Serge Aurier, capitaine sorti à la mi-temps. Malheureusement pour lui, Adama Traoré se manque des 11 mètres, devant un Yaya Fofana impérial (16e). De l’autre côté, il faut attendre la demi-heure de jeu pour voir une première situation, conclue par une frappe ratée de Pepe (30e), signe d’une timide révolte. Mais après une perte de balle coupable de Jean-Michaël Seri, l’inarrêtable Sinayoko provoque une nouvelle erreur de Kossounou. Ce dernier fauche son vis-à-vis et voit Mr. Adel lui indiquer le chemin des vestiaires (43e) pour un deuxième avertissement. Adama Traoré loupe une nouvelle grosse opportunité sur le coup-franc qui suit, mais l’impression ne trompe pas, les Ivoiriens sont dans le dur et Wilfried Singo, son remplaçant, est à deux doigts d’offrir un nouveau pénalty avant la mi-temps. Les locaux atteignent la pause à égalité de façon inespérée, dans un match finalement pauvre en occasions (3 tirs à 2 pour les Aigles).
Insubmersible Côte d’Ivoire
En plus d’Aurier, Emerse Faé rappelle un Christian Kouamé nerveux sur le banc, au profit de Sébastien Haller, pour terminer la rencontre. Mais le Mali ne semble pas vouloir laisser de place au doute et appuie immédiatement sur l’accélérateur. Fofana se montre une nouvelle fois décisif devant Amadou Haidara (51e), alors que son équipe n’évolue plus qu’en contre. Singo se montre sur coup de pied arrêté, mais c’est finalement un enfant du pays qui le met à genoux. Né de parents ivoiriens, Dorgeles Nene, 22 ans, sur le terrain depuis à peine 10 minutes, s’invite à la fête en décochant une frappe lointaine sublime qui se loge dans la lucarne de Fofana, enfin battu (1-0, 73e). On entre dans les dernières minutes et la Côte d’Ivoire active donc le mode « ne pas perdre ». Alors que tout semble perdue, Oumar Diakite (83e) et Singo (85e) mène la fronde, avant que Simon Adingra, entré en jeu quatre minutes plus tôt, ne trouve la faille sur une action confuse et cafouillée (1-1, 90e). Le regard noir d’Eric Chelle en témoigne, les Aigles ont perdu leurs ailes.
Appelez-le le Faé Time !
Au contraire de son huitième de finale, la Côte d’Ivoire entame la prolongation avec beaucoup d’entrain et se montre dominante. Sébastien Haller trouve même la barre (96e), alors que la peur a changé de camp. Malgré tout, le Mali reprend le dessus, Kiki Kouyaté se montre sur corner (97e), Boubacar Traoré teste les gants de Fofana, avant que Willy Boly ne passe à deux doigts du contre son camp (109e). Mais rien n’est jamais fini avec les hommes d’Emerse Faé. Sauvés à la 88e minute contre le Sénégal et déjà au bout du bout dans cette rencontre, les Ivoiriens refont le coup. Après une faute bête de Traoré qui amène un dernier coup-franc, Diakité dévie astucieusement une frappe de Seko Fofana et qualifie les siens (1-2, 120e+2). Le match se finit dans la confusion, alors qu’Hamari Traoré est exclu après le coup de sifflet final. Une chose est sûre désormais, la Côte d’Ivoire a une bonne étoile !